Dans La Splendeur du monde, Laurence Devillairs nous invite à une réflexion profonde sur la beauté sous toutes ses formes, en soulignant que la splendeur du monde ne se limite pas aux événements extraordinaires ou aux paysages majestueux. Elle est, au contraire, présente dans chaque détail de la vie quotidienne, pour ceux qui savent regarder et ressentir. Ce livre propose un voyage philosophique et personnel à travers la beauté du monde naturel et culturel, tout en encourageant une prise de conscience esthétique, souvent négligée dans nos vies modernes.
Le récit s’ouvre avec une scène symbolique dans un fjord d’Oslo, où l’auteure observe un vieil homme contempler le paysage. Ce moment de calme et de contemplation sert de point de départ à une réflexion sur la beauté du monde qui nous entoure, une splendeur parfois cachée, qu’il nous appartient d’apprendre à voir et à apprécier. La beauté, selon Devillairs, est omniprésente mais elle exige de l'attention et de la vigilance, car elle réside souvent dans des détails subtils, des éclats discrets plutôt que dans les grandes œuvres de la nature ou de l’art.
Le livre explore plusieurs concepts philosophiques liés à la beauté, en s’appuyant sur des références comme Kant ou Nietzsche, tout en introduisant sa propre notion de "splendeur". La splendeur, selon l’auteure, dépasse la simple notion de beauté ou de sublime : elle est une forme de révélation, un moment d'intensité esthétique où le monde semble se dévoiler sous un nouveau jour. Contrairement au sublime, qui peut effrayer ou écraser par son immensité, la splendeur est majestueuse mais accessible, lumineuse sans être intimidante. Elle offre une forme de transcendance dans la simplicité.
L’auteure aborde également la relation entre nature et culture, soulignant que la beauté ne se limite pas aux créations humaines ni à la nature sauvage. Pour Devillairs, les deux sont intimement liés et participent à une même expérience esthétique. Les créations artistiques, tout comme les splendeurs naturelles, sont des moyens d’aiguiser notre regard et d’éduquer notre sensibilité. Ainsi, un tableau de Van Gogh peut susciter la même admiration que la mer ou un ciel étoilé. La beauté, qu’elle soit créée ou naturelle, permet de transcender la banalité du quotidien et de nous reconnecter à ce qui est essentiel dans la vie.
Un autre thème majeur du livre est l’éducation au regard. Devillairs insiste sur le fait que voir ne se limite pas à l’acte physique de regarder. Voir est une expérience totale qui engage tous les sens, et qui peut nous transformer si nous apprenons à l’affiner. Il s’agit de développer une capacité d’émerveillement, que l’auteure compare à un élan amoureux : voir la beauté, c’est la ressentir de manière intense, presque comme un bouleversement intérieur. Elle parle d’une "pulsion du beau", comparable à la pulsion de vie, qui nous pousse à chercher la splendeur même si nous savons qu’elle est éphémère et fragile.
Devillairs défend aussi l’idée que la beauté n’est pas un luxe ou une distraction superficielle, mais une nécessité humaine. Elle voit dans l'expérience esthétique une source de consolation et de réconciliation avec l'existence. La contemplation du beau, qu’il s’agisse d’un paysage, d’une œuvre d’art ou d’un simple détail du quotidien, est une façon de retrouver l’émerveillement et de redonner un sens à notre vie dans un monde qui, parfois, peut sembler dénué de signification.
L’auteure dénonce notre époque marquée par l’urgence, l’efficacité, et la consommation rapide, où la beauté est souvent négligée ou réduite à un simple produit. À cela, elle oppose une forme de résistance esthétique, en prônant une attention aux choses simples et une contemplation lente, une "libido des yeux", comme elle le dit. Ce livre est un plaidoyer pour une nouvelle éducation à la beauté, qui nous apprendrait à voir et ressentir au-delà des apparences immédiates, sans se laisser happer par la frénésie contemporaine.
En somme, La Splendeur du monde est une ode à la beauté et à la contemplation, une invitation à ralentir et à affiner notre regard pour capter les splendeurs qui nous entourent. Laurence Devillairs nous rappelle que la beauté est une source de joie et de réconfort, mais aussi un appel à vivre pleinement, en harmonie avec le monde. Ce livre est un véritable manifeste pour une vie plus riche, plus attentive et plus ouverte aux merveilles, grandes et petites, qui se cachent dans le quotidien.
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Devillairs, L. (2024). La splendeur du monde. Éditions Stock.
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