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La culpabilisation de vivre l’instant présent

  • Photo du rédacteur: Sandie Carissan
    Sandie Carissan
  • 14 sept. 2024
  • 2 min de lecture

Le conseil populaire de « vivre dans l'instant présent » est souvent présenté comme un chemin vers le bonheur et l’épanouissement personnel. Cependant, cette injonction peut parfois se transformer en source de culpabilité. Analysons cette notion à travers de brèves perspectives philosophiques


L’Instant présent selon Jean-Paul Sartre

Jean-Paul Sartre, un des grands philosophes existentialistes, parle de l'authenticité et de la liberté individuelle. Selon lui, vivre authentiquement implique de reconnaître et d’assumer notre liberté de choisir, y compris le choix de se souvenir du passé ou de planifier l’avenir. La pression de se concentrer sur l’instant présent peut être vue comme une forme d’aliénation, car elle pourrait nous détourner de notre liberté de réflexion et d’anticipation. Sartre suggérerait que la culpabilisation pour ne pas être suffisamment présent ignore la complexité de la liberté humaine.


La perspective de Friedrich Nietzsche

Friedrich Nietzsche, connu pour son perspectivisme, croit qu’il n’existe pas une vérité unique mais plutôt une variété de perspectives. L’exigence de savoir être dans l’instant présent est une perspective parmi d’autres. Nietzsche pourrait affirmer que cette pression simplifie trop notre expérience humaine en ignorant la richesse des autres aspects de notre vie, comme le passé et l’avenir, qui contribuent également à la complexité et à la profondeur de notre existence.


Michel Foucault et la normativité

Michel Foucault, à travers ses analyses du pouvoir et de la discipline, propose une réflexion sur la manière dont les normes sociales régulent les comportements individuels. Dans ses travaux, notamment Surveiller et punir (1975), il explore comment les mécanismes de pouvoir, souvent invisibles, imposent des attentes et des normes qui influencent la conduite des individus. L'idée que nous devrions être présents dans l'instant peut être vue comme une norme sociale qui impose un certain comportement et peut, par conséquent, générer de la culpabilité chez ceux qui ne répondent pas à cette norme. Cette perspective permet de comprendre comment la culpabilisation liée à l’injonction d’être dans l’instant présent peut fonctionner comme un mécanisme de contrôle social.


La vision Bouddhiste de l’instant présent

En contraste avec les perspectives occidentales, la philosophie bouddhiste, particulièrement dans ses traditions de pleine conscience, propose une compréhension nuancée de l’instant présent. Le Bouddhisme enseigne que l’instant présent est crucial pour l’éveil spirituel, mais il le fait dans un cadre qui accepte et intègre la complexité de l’expérience humaine. L’accent est mis sur la pleine conscience. Cette approche suggère que le véritable objectif n’est pas d’imposer un état constant d’immédiateté, mais de cultiver une attention consciente qui respecte toutes les dimensions de l’existence.


Il devient clair que l’instant présent est précieux mais qu'il doit être intégré de manière équilibrée dans le contexte global de notre vie. Reconnaître cette complexité peut nous aider à éviter la culpabilisation et à adopter une approche plus nuancée de notre bien-être personnel.


______

  • Sartre, J.-P. (2007). L'Être et le Néant. Gallimard.

  • Nietzsche, F. (2009). Par-delà le bien et le mal. Gallimard.

  • Foucault, M. (1975). Surveiller et punir : Naissance de la prison. Gallimard.


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