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Photo du rédacteurSandie Carissan

La vision du travail selon Hannah Arendt : Entre nécessité et aliénation



Hannah Arendt, philosophe allemande du XXe siècle, a consacré une partie de ses réflexions à la question du travail. Dans son ouvrage "La Condition de l'Homme moderne" (1958), elle différencie trois activités humaines : le travail, l'œuvre et l'action. Chacune de ces activités a un rôle spécifique dans la vie humaine et dans l'organisation de la société.


Le travail chez Arendt

Pour Hannah Arendt, le travail est l'activité qui permet de subvenir aux besoins essentiels de la vie. Il est lié à la survie biologique de l'être humain. Par exemple, produire de la nourriture, fabriquer des objets du quotidien ou créer des vêtements sont des tâches qui relèvent du travail. Ces activités sont répétitives et cycliques : on doit les accomplir sans cesse pour répondre à des besoins qui reviennent régulièrement, comme se nourrir ou se protéger des intempéries.

Arendt décrit le travail comme une activité nécessaire, mais qui, en soi, ne permet pas de donner un véritable sens à la vie humaine. Le travail est souvent perçu comme une obligation, car il est indispensable à la survie. Cependant, Arendt distingue cette activité d’autres pratiques plus élevées qui permettent d’exprimer la liberté et la créativité humaine.


Le travail vs l’œuvre

Arendt oppose le travail à l'œuvre, qui est une activité plus durable et créatrice. Alors que le travail produit des biens éphémères destinés à la consommation immédiate, l'œuvre aboutit à des créations qui ont une permanence, comme les œuvres d'art, les monuments ou les objets qui façonnent notre monde. Par exemple, construire une maison ou écrire un livre relèvent de l'œuvre, car ces activités ont un impact durable sur le monde.


La critique de la société moderne

Hannah Arendt critique la société moderne, où le travail est devenu une valeur centrale. Dans un monde dominé par la consommation, le travail est valorisé à l'excès, et l'œuvre ou l'action sont souvent reléguées au second plan. Arendt observe que cette importance accordée au travail peut aliéner l'individu, car elle réduit l'homme à un simple producteur de biens de consommation, sans lui permettre de s'épanouir pleinement en tant qu'être libre et créatif.


Pour Hannah Arendt, le travail est une activité nécessaire à la survie, mais il ne doit pas occuper toute la place dans la vie humaine. Elle souligne l'importance de l'œuvre, qui permet à l'homme de laisser une trace durable dans le monde, et de l'action, qui est le domaine de la liberté et des interactions humaines.


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  • Arendt, H. (1983). La condition de l'homme moderne (G. Fradier, Trad.). Calmann-Lévy. (Travail original publié en 1958)


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